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Pour appartenir à la race juive, cela vous coûtera la modique somme de 179€

11 Mai 2011

Rien de tel qu’un titre accrocheur qui sent bon à la fois les incroyables rendements des camps d’Auschwitz-Birkenau, Sobibor ou Treblinka et l’éternel « complot juif mondial » pour traiter de la question des races humaines en générale et de la race juive en particulier.

Depuis quelques années, la société iGENEA, basée en Suisse, propose pour un peu moins de 200€ de découvrir si vous êtes un Levi ou un Cohen, en d’autres termes de mettre en évidence vos possibles origines juives par un simple test génétique salivaire. Selon cette société, qui propose également de découvrir si l’un de vos ancêtres était un belliqueux Viking, plus de 300 000 tests ont été réalisés de par le monde depuis 2001. Voici un nombre impressionnant de « cousins génétiques » potentiels dont le profil est stocké dans la base de donnée d’iGENEA en vue de leur comparaison avec votre ADN, ce qui n’a rien de rassurant.

iGENEA stipule que le sérieux de ses tests repose sur l’existence de marqueurs génétiques propres à la population juive puisque la judaïté se transmet nécessairement de mère à fille. Tiens, c’est étrange, je pensais jusqu’alors qu’il n’existait aucune race humaine depuis qu’Homo sapiens avait supplanté tous ses concurrents (ou, pour nos amis créationnistes, depuis que Dieu créa Adam et Ève)… Je pensais également que la notion de races humaines était une idéologie punie par l’ensemble des lois des États européens parce qu’elle découle presque nécessairement sur des classifications de supériorité et d’infériorité des divers groupes… M’aurait-on menti ?

André Langaney, professeur à l’Université de Genève, déclare à propos de ce genre de méthode que pour retrouver le passé et prédire le futur, l’examen de l’ADN est la nouvelle charlatanerie. Catherine Nash, professeur à l’Université de Londres, estime qu’acheter un test équivaut en fait à encourager des entreprises et des généticiens, lesquels sont des acteurs importants dans les débats actuels sur la crédibilité scientifique et les conséquences sociales du langage qui assimile ethnicité, race et génétique. La communauté scientifique semble donc être plus que critique à l’égard de ce procédé.

Un bloggeur a eu, quant à lui, une intéressante réflexion à propos de ces tests : Reste donc à savoir si derrière l’aspect scientifique d’une telle entreprise, des idéologues racistes ne se cachent pas ou ne profitent pas. Soit il est question de retrouver des juifs égarés, comme les Conversos espagnols qui se sont convertis au protestantisme au XVIe siècle et d’augmenter la diaspora juive mondiale, soit à l’inverse on peut se compter « entre celtes » et répertorier les ariens issus des familles blondes du nord de l’Europe.

Ainsi, je peux maintenant en venir à l’explication de ma comparaison de ce test ADN au « complot juif mondial » et à la Solution finale à la question juive car loin de moi l’idée de tomber gratuitement dans la reductio ad Hitlerum.

Dans le premier cas, proposer d’obtenir, en échange d’une somme tout de même élevée, une « preuve » de judaïté -qui n’a, bien entendu, aucune valeur halakhique- me donne l’horrible impression de vouloir faire croire à quelques crédules qu’il est possible d’acheter sa carte de membre donnant accès à l’un des clubs privés les plus importants qui existe : « Ça y est, mes bons amis, vous pouvez enfin participer à la conquête du monde avec vos semblables ! » Le personnel d’iGENEA ne saurait-il pas que la judaïté, si elle se transmet traditionnellement par la mère, peut s’acquérir par la conversion ? Or, une conversion biologique n’est pas possible, ce qui démontre que la judaïté est une question d’appartenance et non une question de gènes. Mais la véritable question qui est à se poser est la suivante : quel intérêt aurait Monsieur Tout-le-monde de se découvrir un aïeul juif ? Voudrait-il soudain se présenter à la synagogue alors qu’il n’avait jamais vraiment pensé à cela avant de découvrir iGENEA grâce à un bandeau publicitaire Google ?

Dans le deuxième cas, comme l’écrit Catherine Nash, la généalogie génétique est donc impliquée dans la résurgence actuelle d’un langage qui « racialise » les différences humaines. A ce propos, je ne citerai en exemple que la tendance actuelle à vouloir comprendre l’intelligence sur base de l’appartenance raciale. De nombreux articles ou ouvrages proposent aujourd’hui de démontrer que le QI moyen des Extrême-Orientaux est plus élevé que celui des Européens, des Arabes ou encore des Africains, ces trois dernières « races » étant citée par ordre de grandeur de la moyenne de leurs résultats aux tests de QI. Au sommet de cette pyramide de l’intelligence se trouveraient les Juifs ashkénazes, pour une fois que des théories raciales ne sont pas en leur défaveur. Mais ce type d’idéologie -qui ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique- semble omettre que l’intelligence -et encore, comment celle-ci doit-elle être scientifiquement définie ?- est essentiellement liée à l’environnement des individus. Une théorie qui, en somme, n’apporte que des « justifications » à l’esclavage des Noirs. Pour en revenir à la génétique, il est bon de rappeler qu’aucune population humaine ne possède exclusivement des gènes propres. Le concept de « races », en particulier celui de la « race juive » n’est rien de plus qu’un fantasme, né d’une mauvaise compréhension d’un poème du XVIIIe siècle dans lequel le sang français affrontait le sang allemand, duquel découla l’une des plus importantes falsification de l’Histoire. D’une interprétation biaisée d’une métaphore sur l’appartenance culturelle, la notion de races humaines s’est développée au XIXe siècle pour en arriver à l’élimination des « races inférieures » sous le IIIe Reich : Juifs, Slaves ou encore Tziganes.

Cautionner les méthodes d’iGENEA et consorts ne me semble rien de plus que cautionner les idéologies racistes passées et présentes. C’est vouloir donner à la notion de races humaines une caution scientifique qu’elle n’a pas. Dans l’hypothèse que ces expériences soient réellement pertinentes, n’est-ce pas là une opportunité pour certains nostalgiques d’avoir aisément accès à de nouvelles listes d’individus classés par « races », en particulier lorsque certaines doivent être placées dans quelques wagons ? En tout cas, il est toujours question du peuple d’Israël… L’obsession de l’appartenance au peuple juif a encore de beaux jours devant elle.

Pourquoi Adam a-t-il été créé unique ? Afin qu’un homme ne dise pas « Mon père était supérieur au tien ».

[Sanhédrin 37a]

par Ahouva

7 commentaires leave one →
  1. 1 avril 2012 9:46

    Quelle horreur que l’idée d’un pareil test !!!

  2. Elish'ba Séfarade permalink
    12 juin 2013 8:20

    Pff… vous n’avez rien compris, l’horreur c’est tout les commentaires de cet article, antisémites, comme d’habitude.

    Maintenant, si vous voulez comprendre… Lisez LA BIBLE, de Genèse aux Révélations, surtout Daniel :).

    Sinon, abstenez-vous de commentaires et restez dans l’ignorance, en dehors de la sagesse.

    Baruch Hashem ! Beshem Yeshua HaMashiah !

    • 14 juin 2013 10:49

      De quels « commentaires antisémites » parlez-vous ?

      • Elish'ba Séfarade permalink
        14 juin 2013 1:26

        Rien de tel qu’un titre accrocheur qui sent bon à la fois les incroyables rendements des camps d’Auschwitz-Birkenau, Sobibor ou Treblinka et l’éternel « complot juif mondial » pour traiter de la question des races humaines en générale et de la race juive en particulier.

        Un bloggeur a eu, quant à lui, une intéressante réflexion à propos de ces tests : Reste donc à savoir si derrière l’aspect scientifique d’une telle entreprise, des idéologues racistes ne se cachent pas ou ne profitent pas.

        N’est-ce pas les horreurs ???

    • 14 juin 2013 8:07

      Notre collaboratrice juive, qui a écrit le billet que vous avez lu, aime en effet les titres accrocheurs. Mais la question demeure : de quels « commentaires antisémites » parlez-vous ?!?

      • Elish'ba Séfarade permalink
        14 juin 2013 9:38

        Désolée, j’ai compris à l’envers ….

      • 15 juin 2013 6:15

        Vous aviez en effet sans doute lu trop vite… Le point central de cet article est en effet ici : « Proposer d’obtenir, en échange d’une somme tout de même élevée, une « preuve » de judaïté –qui n’a, bien entendu, aucune valeur halakhique– me donne l’horrible impression de vouloir faire croire à quelques crédules qu’il est possible d’acheter sa carte de membre donnant accès à l’un des clubs privés les plus importants qui existe (….) La judaïté, si elle se transmet traditionnellement par la mère, peut s’acquérir par la conversion (…) la judaïté est une question d’appartenance et non une question de gènes (…) Cautionner les méthodes d’iGENEA et consorts ne me semble rien de plus que cautionner les idéologies racistes passées et présentes. C’est vouloir donner à la notion de races humaines une caution scientifique qu’elle n’a pas »

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